Entrevue René Roy

(Photo: Serge Jongué)
L’actuel secrétaire général de la FTQ, René Roy, travaillait comme technicien à Bell Canada lors des débats sur l’adoption de la Charte. Vingt-cinq ans plus tard, c’est lui qui va succéder à Fernand Daoust au nouvel Office québécois de la langue française (OQLF)

Vigilance et engagement doivent aller de pair

TF Chez un employeur comme Bell, quelle était la réalité du travail en français pour les techniciens?

RR Dans les années 1970, l’utilisation de termes anglais était très répandue de même que les formulaires. La demande d’une cliente de Saint-Hyacinthe pouvait passer entre les mains de trois ou quatre francophones avant d’aboutir au technicien de Saint-Hyacinthe qui devait faire l’installation. Ce qu’il recevait était tout en anglais! Même si Bell, entreprise fédérale, n’était pas soumise à la loi, elle s’y est conformée. Bien des choses ont été traduites. Il y a eu beaucoup de progrès. Il y en a encore à faire au niveau technique.

TF Quel bilan faites-vous aujourd’hui de 25 années d’application de la Charte dans les milieux de travail?

RR Il y a eu des progrès partout et cela est attribuable à un ensemble de facteurs. Les entreprises ont dû se soumettre à la loi pour obtenir leur certificat. Les syndicats ont poussé pour accélérer la mise en place des programmes de francisation et leur efficacité. La présence d’un plus grand nombre de cadres francophones y est aussi pour quelque chose. Enfin, les enfants de la loi 101 sont de plus en plus nombreux sur le marché du travail.

TF Est-ce qu’il y a encore des défis à relever dans les entreprises qui ont leur certificat de francisation?

RR Je pense qu’il y a eu un certain laisser-aller au cours des dernières années. Rien n’est jamais acquis dans la francisation des milieux de travail. Je ne suis pas convaincu que plusieurs entre-prises qui détiennent leur certificat de francisation passeraient le test aujourd’hui. Elles sont maintenant tenues de déposer à l’Office un rapport triennal en vertu de la Charte. L’Office se doit de scruter ces rapports à la loupe.

TF Quelle devrait être la priorité de l’Office au cours des prochaines années?

RR Depuis le milieu des années 1940, le Québec accueille en moyenne près de 28 000 immigrants par année. En 2002, parmi les 41 900 immigrants, une proportion de 51 % se présente avec aucune connaissance du français. C’est pourquoi la priorité demeure la francisation des milieux de travail.

Au cours des dernières années, les budgets alloués à l’Office ont fondu considérablement. Il faut qu’il y ait de nouveaux investis-sements. Le nouvel Office québécois de la langue française devra disposer de plus de ressources.

Le mouvement syndical devra lui aussi être aidé. Nous recevons des contributions de la CSST parce que nous jouons un rôle clef en santé-sécurité. La même logique devrait s’appliquer pour le français au travail. Le mouvement syndical, et plus particulière-ment la FTQ parce que c’est elle qui est massivement présente dans les entreprises du secteur privé, doit être davantage soutenu dans ses efforts.

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